Tarbes. Violemment tabassé parce qu'il est homosexuel

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un jeune homme de 23 ans a été victime d'une violente agression homophobe en plein centre-ville. Aujourd'hui, il témoigne.

Visiblement, Yves (1) est encore traumatisé, plus de quinze jours après les faits. Les faits ? Il raconte : «J'étais allé prendre un verre avec une amie, et quand nous sommes sortis du bar, vers 2 heures du matin, nous avons été interpellés par un homme. Nous avons essayé de l'ignorer, mais soudain il m'a lancé : «Je te reconnais, t'es un sale pédé», puis il s'est jeté sur moi, et m'a plaqué au sol avant de me rouer de coups. J'ai essayé de me relever, mais j'ai entendu qu'il y avait plusieurs personnes qui l'encourageaient, «vas-y, tue-le ce sale pédé».

Mon amie hurlait, ce qui a fini par attirer du monde et mes agresseurs sont partis. Mais ils ont continué à tourner en voiture, autour de la place de Verdun. J'ai été au commissariat porter plainte, et les policiers m'ont conseillé d'aller aux urgences.» Bilan, des contusions et des hématomes partout, une côte cassée, et un traumatisme crânien qui lui provoque des pertes de mémoire. «Je dois passer un scanner dans les jours qui viennent, et depuis cette agression, je n'ai pas pu reprendre mon travail.»

Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'Yves est «embêté», il ne cache d'ailleurs pas son homosexualité, pas même dans la façon de se vêtir, même si chacun a le droit d'afficher ou pas ses orientations, après tout, la liberté n'est pas qu'un mot… «J'ai toujours été la cible de quolibets, de regards pleins de sous-entendus, à l'école, maintenant… Mais, même si c'était pénible, ça n'avait jamais dégénéré, surtout pas de manière aussi violente. Je pense que le débat sur le mariage pour tous a apporté de la tension, je l'ai senti avant même mon agression. C'est détestable.»

Aujourd'hui, Yves se remet doucement. «J'ai encore des douleurs, je boite… Je ne peux pas reprendre mon boulot, et désormais, je vais avoir un peu peur de sortir le soir, si l'ambiance est devenue si malsaine. Mais je ne veux pas en rester là, si je témoigne, c'est pour dénoncer ce genre d'acte, et que la société évolue. Ce climat homophobe est vraiment pesant. Maintenant, j'espère que mes agresseurs seront interpellés, je lance un appel à témoin, si quelqu'un a vu la scène, afin d'aider l'enquête. Je vais être convoqué au commissariat dans quelques jours, j'espère que les images de vidéosurveillance permettront de confondre les auteurs de cette agression. Parce qu'on ne peut pas laisser passer ça.»

(1) Le prénom a été modifié.

Source : Ladepeche.fr