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L’homosexualité masculine au XIXème siècle

Par Beaguillart

L’homosexualité masculine au XIXème siècleDans les années 1970, avec l’apparition des mouvements de libération, on redécouvre l’histoire des minorités : les femmes et les noirs et surtout les homosexuels.

Il demeure en France à cette période des personnages haut placés et homosexuels tout comme aujourd’hui. On nous l’avait caché à l’école. Une caricature royaliste de 1814 montre Cambacérès antichancelier de l’Empire jouer au jeu du cheval fondu qui rappelle étrangement le jeu du saute mouton. Homosexuel notoire, on lui a attribué à tort la décriminalisation de la sodomie. C’est méconnaitre le Code Napoléon. Toutefois, peu d’hommes l’assument. Joseph Fievrée conseiller de Napoléon vit ouvertement avec son compagnon. On peut en retirer cette citation : « Quand on a un vice il faut savoir le porter ». Il demeure encore aujourd’hui des coming outs de personnalités célèbres dont il faut se féliciter. En effet, le XIXème siècle demeure pour les homosexuels le temps des chantages et des extorsions de fond.

La répression pour sa part demeure. C’est la Grande Bretagne de la reine Victoria championne de la duplicité qui se fait remarquer par ses lois barbares et antisodomitiques. Entre 1805 et 1835, il y eu 35 pendaisons. Aujourd’hui, les lieux de la répression se sont déplacés vers les pays arabes par exemple. Comment peut-on connaitre les procès homosexuels de l’époque ? Grace à William Beckford. Homme le plus riche d’Angleterre, il a consigné dans ses carnets bon nombre d’articles de presse sur les scandales homosexuels de l’époque. Le scandale joue souvent un rôle de révélateur social auprès du grand public. De nos jours, notamment les scandales et procès, servent aussi à mettre en lumière les conditions de vie terribles de certains homosexuels. En Angleterre, on peut citer le procès des travestis Boulton et Park.

Et ce sont deux autres procès qui vont marquer la mémoire collective anglaise de l’époque : le scandale de Cleveland Street et le procès d’Oscar Wilde. Le premier a concerné le petit fils de la reine Victoria Eddy et le second a envoyé un homme en prison. D’Oscar Wilde, il nous reste « De profundis » composé en prison et formidable ode à l’amour.

Cependant, il est à noter que perdure l’existence de sous-cultures homosexuelles. En 1840, la galerie d’Orléans au Palais Royal était un lieu de rencontre homosexuelle. A Londres, Paris et Amsterdam, les parcs, squares et toilettes publiques sont de mises mais de nouveaux terrains de jeux apparaissent comme les galeries marchandes et les gares. De leur coté, les bals de travestis apparaissent comme de nouvelles caractéristiques. Au milieu du XIXème siècle, l’homosexuel (terme qui apparait en 1869) est sur le point de devenir une figure incontournable. Incontournable comme des nouvelles figures Queer à présent.

Ce long XIXème siècle est aussi l’époque d’une révolution de la médecine. Celle-ci commence à s’intéresser à la sodomie et en particulier sur les traces physiques laissées sur le corps. Tout cela dans un but bien précis. Les tribunaux se tournaient vers la science médicale pour obtenir des preuves de pénétration légale ou forcée. Grace aux travaux de Pierre Hahn sur l’homosexualité sous le Second Empire, on découvre la figure d’Ambroise Tardieu dont l’ouvrage a été réédité 7 fois. Cela en fait le spécialiste médical le plus influent et le premier à distinguer l’actif du passif. Si pour lui, l’homosexualité est un choix moral, d’autres tentent de comprendre les causes physiologiques ou psychologiques.

Dans une perspective comparative, il faut aller regarder chez nos voisins proches et lointains. Aux Amériques, les amitiés romantiques sont admises car non sexuelles dans la continuité de Montaigne et du poète La Boétie. Thomas Eaking dans sa peinture The Swimming Hole de 1883 montre que l’idéal de camaraderie pouvait franchir les barrières sociales. Le plus ardent porte parole de l’intimité masculine est Walt Whitman figure des mouvements de la cause gay aux Etats-Unis et son ouvrage Feuilles d’Herbe. Officier durant la Guerre de Sécession, il a pour idéal de beauté masculine la classe ouvrière. Pour lui, la camaraderie masculine est la belle et saine affection d’un homme pour un homme. L’amitié homo-érotique est un thème central chez les écrivains à l’époque et encore aujourd’hui. C’est le cas de l’ouvrage de Roger Peyreffite « Les amitiés particulières ». L’amour apparait par le biais d’associations chrétiennes YMCA qui devait répondre à la soif de camaraderie des jeunes hommes.

Popularisée à l’écran par « Brobeback Mountain », le cas des cowboys de l’Ouest reste significatif à l’époque de la ruée vers l’or. Partenaires et acolytes de pâturage, ils passaient leur temps loin des lois et des attentes de la société classique à la manière des pirates. En effet, les communautés masculines ou les femmes sont absentes sont propices aux rapprochements comme les prisons. Mais fait encore plus surprenant, en l’absence de femmes, les hommes dansent entre eux comme un prémice au tango de Buenos Aires.


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