Blue Pepper, le PAF (Père Au Foyer) de mon blog revient avec cette réflexion sur son adolescence, le sexe et le droit ... de faire autrement.
La vie devant soi....( titre emprunté à Emile Ajar alias Romain Gary)
En 1971, l'adolescence introvertie et inexpérimentée que je portais tel le fardeau de Causette dans les Misérables, le 19ème siècle me hantera toujours, me plongeait dans de grandes interrogations existentielles sur ce sujet inépuisable qu'est le sexe.
La curiosité sans cesse aiguisée par une censure parentale qui considérait que la scène du film "Les Orgueilleux" où Gérard Philippe embrasse Michèle Morgan, était scandaleuse, me poussait à explorer les moindres recoins de la maison pour démontrer que les pères la pudeur, se passionnaient aussi pour le sujet.
Mon paternel, littéralement absorbé par le monde du théâtre n'avait pu résister, un jour d'hiver, de monter "à la capitale" afin de vérifier par lui-même si la scène des Folies Bergères était bien l'une des plus profondes de France; de nudité il n'en fut jamais question.
Peut-être allais-je trouver entre deux piles de mouchoirs brodés, parfumés à la lavande, quelques diapositives exaltant les vertus du Paris Canaille ? L'homme était-il aussi sage qu'il voulait le montrer ?
La découverte que je fis, prit la forme d'un livre, resté dans son emballage d'origine, comme si le contenu trop lourd à porter pour l'époque avait contraint les propriétaires à le cacher, l'interdit ne devant en aucune façon voir le jour.
"L'amour après 40 ans" par les Docteurs Marie Andrée Lagroua Weill-Hallé (1916-1994) et Georges Valensin (1902-1987), tel était l'obscur objet du désir.
La première est une des fondatrices du planning familial, qui militera aux côtés de Simone de Beauvoir pour la contraception et la médicalisation de l'avortement.
Le second a exercé au Maroc et en Algérie où il lutta contre les conséquences de la prostitution et notamment les M.S.T. Accusé d'avoir pratiqué des avortements durant la guerre il sera condamné à 27 mois de prison et incarcéré à Caen : il échappera ainsi à la déportation. Le docteur s'appelait Lévi Valensin.
J'étais donc face à des évidences, certes, mais qui à l'époque ne "coulaient pas de source".
L'amour physique, tout d'abord, ne s'arrêtait pas à 40 ans et devait être au centre de l'autre vie de mes parents : celle qui se cache derrière quelques phrases sibyllines que l'on est trop jeune pour percevoir ou qui s'abrite sous les draps froissés des petits matins.
Le sentiment et l'acte qui en était le prolongement, ensuite, touchaient toutes les couches de la société, tous les âges, "Les Trois ordres" pour reprendre les mots de l'ancien régime.
Enfin, des docteurs, pionniers de la sexologie, abordaient sans détour tous les sujets en appelant un chat un chat si j'ose dire.
Nous sommes trois ans avant la sortie du Film Emmanuelle. C'est une révolution.
L'idée de cet article, me fit sourire dans un premier temps, la nostalgie du quinqua sans doute.
Mais en retournant mes souvenirs j'ai pris conscience des difficultés que les femmes avaient rencontrées, en plus des obstacles liés à la contraception, dans les moments du quotidien : faire accepter le jean, la mini jupe, le short, dans les cours des lycées ou des collèges, au travail. En un mot se faire respecter.
Sans oublier les ciseaux d'Anastasie qui se posaient sur les livres, les films, et les pièces de théâtre. Sous Georges Pompidou, lire un journal dans une cour de récréation vous attirait les foudres des "surgés" et des pions.
Etait-ce vraiment si grave, si dangereux, que le peuple souverain découvre le droit à la santé et au bonheur ... sexuel ?
Signé : un PAF maintenant quinqua
Magazine Côté Femmes
La vie devant soi ... ou les découvertes de l'amour physique
Publié le 28 juin 2013 par Nathalie GiraudMagazines
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Erotisme