Je pense qu’il est avant tout important de préciser que ce roman m’a particulièrement touché et je l’espère vous touchera également. Pourquoi est-ce que je peux me permettre d’affirmer cela ? Parce que je suis homosexuelle, que je suis en couple avec une femme dont je suis amoureuse depuis le premier jour où j’ai croisé son regard. Les questions du mariage, des enfants finiront par se poser dans un climat français troublé. Quand j’ai commencé à lire ce roman, je n’ai pu qu’en admirer son actualité et son caractère – malheureusement – polémique. Alors évidemment, vous comprendrez la raison qui fait que ce roman est cher à mon cœur.
L’histoire n’est pas très compliquée même si pour certains personnages du livre et pour certaines personnes existantes dans la vie de tous les jours (notre vie, la vraie vie), ça l’est. C’est juste une jolie histoire de famille, un portrait de vie. Nous entrons dans cette famille homoparentale sous le point de vue de Joachim, l’aîné. Le seul homme de la famille ? Un choix ? Il nous présente sa vie quotidienne d’adolescent de terminale, ses potes, ses parents, sa petite copine, ses premières folies hormonales mais il nous parle également de sa petite sœur, Pauline. Elle aussi arrive au lycée, elle passe « du pays enchanté aux terres menaçantes du Mordor ». Sa naïveté, sa candeur l’amènent vers la haine de ses camarades à cause de sa famille, de l’amour de ses mères, de sa différence. Personne ne semble réellement se rendre compte de l’ampleur que cela prend pour l’adolescente qui se transforme, qui devient une autre, l’ombre d’elle-même.
Mais l’amour est plus fort que la haine, n’est ce pas ? Et c’est ce que m’inspire ce roman. Ce roman m’a confortée dans mes idées. En effet, je ne cesse de dire à mon amie que ce qui m’effraie le plus dans le fait d’avoir un enfant est de devoir lui expliquer pourquoi certains nous craignent, ne nous aiment pas, nous jugent sans nous connaitre, nous haïssent sans même savoir qui nous sommes. Comment expliquer ce déferlement de haine à mes futurs enfants ? C’est ce qui m’a toujours inquiété et je trouve que ce roman apporte une bien jolie réponse : par l’Amour. « Tout ne se règle peut-être pas un câlin » mais l’amour de deux mères et d’une famille toute entière peuvent permettre d’aller au-delà de tous ces jugements et de cette haine.
Et, c’est grâce à cet amour inconditionnel que Pauline se relève parce qu’elle se relève ! Plus forte. Plus grande. Elle gagne en confiance en elle, en charisme, en sourire. Elle devient mature. Elle est plus forte pour affronter le monde extérieur, bien loin du cocon créée par ses parents.
La vie est un éternel combat. Elle nous met perpétuellement au défi. Face à l’intolérance. Face à la lassitude d’un travail qui ne vous épanouit plus. Face à de vieux démons. Face à l’absence d’une mère aux moments les plus importants de votre vie. Face à la surprotection de deux parents aimants au moment où vous voulez voler de vos propres ailes. La vie est faite de combats. Parfois, on combat seul, peut-être pour se prouver que l’on peut y arriver par nos propres moyens. Parfois, on a besoin de l’autre sans qu’il ne soit au premier plan mais juste le fait de savoir que quelqu’un est là pour nous épauler, nous conforter et nous aider à nous redresser si jamais on courbe l’échine … au cas où. Chez « Frangine », c’est l’Amour qui unit cette famille qui devient une arme redoutable pour remporter ces combats.