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La Saga Alien : Féminisme et Subtext

Par Beaguillart

La Saga Alien : Féminisme et SubtextDans le premier numéro de Culture LGBT, nous abordions la grande théorie du "Subtext" (comprenez "sous-entendus") de la série Rizzoli & Isle. En revanche le subtext ne se trouve pas forcément où on le cherche et rares sont les œuvres, livres, séries, films mettant en scène la possibilité d'une relation saphique entre deux héroïnes. Etant moi-même une Lesbo-Geek, je ne pouvais ignorer l'œuvre génialissime de la science-fiction qu'est la quadrilogie d'Alien lancée par Ridley Scott. Après avoir lu cet article, vous vous réjouirez de voir, ou de revoir, le quatrième opus qui nous présente une ambigüité délicieuse entre les personnages d'Ellen Ripley (Sigourney Weaver) et Annalee Call (Winona Ryder).

Mais avant tout, qui est Ellen Ripley ?

Ce que la plupart des gens ignore, c'est que le rôle de Ripley aurait dû être attribué à un homme, ce qui semble inimaginable aujourd'hui, et détail qui n'aurait certainement pas valu le succès de la saga Alien si la production n'avait pas donné le rôle à la talentueuse Sigourney Weaver ! Pour mieux cerner le personnage, petit résumé de la trilogie qui précède le quatrième volet, composée de : Alien - Le huitième passager, Alien - Le retour Alien 3.

L'histoire se situe dans le futur l'espace, les galaxies lointaines sont devenus un environnement idéal pour les riches industries ou compagnies Terriennes en quête de nouvelles opportunités commerciales. Une équipe, en vol intergalactique et appartenant à l'une de ces  entreprises, capte un signal de détresse provenant d'une planète située sur leur trajectoire. Chacun des membres de l'équipage plongé en "hypersommeil" se réveille lors de l'interception de ce dit signal par leur vaisseau intelligent appelé "maman". Ils décident de rejoindre cette planète et découvrent un vaisseau échoué dont l'équipage a été massacré. Arrive l'inévitable :  la contamination Alien débute. Tout l'équipage est décimé,  exceptée la "Warrior" Ripley qui reste l'ultime survivante. A noter, pour les âmes sensibles, que le petit chat roux, Jones, survit lui aussi.

Chaque opus réalisé respectivement en 1979, 1986, 1992 forme cette saga culte qui ne vieilli pas. Si parfois certains effets spéciaux vous sembleront dépassés par les grandes productions d'aujourd'hui, vous oublieriez très vite ces détails pour vous concentrer exclusivement sur l'intrigue et la survie de l'héroïne Ellen Ripley !

Le début de la fin ?

Nous arrivons en 1997 où un certain Joss Whedon (Avengers, Buffy, Dollhouse, Battlestar Gallactica, etc...) écrit le dernier volet de la saga "Alien Résurrection" dirigé par Jean-Pierre Jeunet. L'histoire d'Alien 4 se déroule deux cents ans après le troisième opus, après la mort d'Ellen Ripley qui ressuscite, transformée en une humanoïde puissante mi-humaine, mi-Alien : Ripley 8... Le clone enfante un Alien qui n'est autre qu'une Reine prête à engendrer pour la survie de l'espèce. La douce progéniture comptant une douzaine d'Aliens adultes enfermés dans des cellules du vaisseau. Ces aliens sont considérés comme de vulgaires rats de laboratoires. Ils vont pourtant se libérer. L'équipage perd le contrôle de leurs expériences tandis que Ripley 8 prend conscience de l'étendue de sa force et de ses instincts. Non seulement ses capacités sont surhumaines mais elle a hérité de la mémoire de la véritable Ellen Ripley...

Celles et ceux connaissant Joss Whedon, retrouveront quelques-unes des signatures de l'auteur/producteur/réalisateur à travers le déroulement de l'intrigue. D'une part, le petit côté "Kick-ass girl" d'Ellen Ripley rappelle ses positions féministes (merci monsieur Whedon), d'autre part, l'ambiguïté de la relation Ripley/Call sous-entend son engagement envers les mouvements lesbiens qui sont nettement plus explicités dans sa série Buffy contre les vampires avec le couple Willow/Tara.

Le contexte étant en place, subtext ou pas subtext ? me demanderez-vous...

Si vous souhaitez explorer les différents degrés du subtext féministe dans la saga "Alien" entre 1979 et 1997 , vous trouverez des analyses approfondies écrites par Ximena Gallardo C. dans son livre en anglais "Alien Woman : The Making of Lt. Ellen Ripley". Pour ce qui est du subtext lesbien dans le quatrième volet de la saga, certains se risquent à dire que cette mise en scène particulière était intentionnelle. De mon point de vue, il n'est pas nécessaire d'être une lesbienne aguerrie pour voir du lesbianisme où il n'y en a pas - surtout que mon gay-dar ou ce qui se rapporte aux codes lesbiens, n'a jamais été mon point fort - Mais Alien 4 est, par excellence, une référence en matière de subtext sans avoir besoin de faire preuve d'une grande imagination ! Certains sites ont attendu 2007, soit tout de même 10 ans, pour écrire sur le sujet. Le site Afterellen.com fait un classement du top 11 - pourquoi pas 12 ? - des Meilleurs moments bi/lesbiens dans la science-fiction. Et à la onzième place se trouve ce fameux face à face entre Ripley et la jeune Call.

Dès leur rencontre, vous sentirez ce petit frisson qui induit toutes les possibilités qu'une telle romance peut apporter au film. Première approche, premier contact : Vers la vingt-huitième minute, Call trouve la salle où Ripley est maintenue prisonnière. Celle-ci est allongée, endormie à même le sol. Call s'accroupit à sa hauteur et utilise son couteau pour relever les pans de son vêtement entre sa poitrine. Elle y découvre une cicatrice dont elle connait la signification. Ripley ouvre les yeux à cet instant précis, calme, imperturbable. Call tombe en arrière sous l'effet de surprise et surtout, prise sur le fait. Ripley se redresse, sans perdre de vue une seule seconde la jeune Call qui parait effrayée. Dès lors, cette scène se transforme en un face à face proie/prédateur. Ellen Ripley détaille, examine, scrute la jeune Annalee Call d'un regard tout particulièrement intense. On perçoit dès lors qu'Ellen Ripley est dépourvue de ses retenues ou de sa pudeur d'autrefois bien qu'un soupçon de sensibilité et d'humanité la rattache à Annalee Call au fil de l'histoire. Elle fait preuve d'une assurance dérangeante et d'un cynisme déroutant où se mêlent humour et fatalisme. Mais elle se sent incomplète et va chercher, de façon paradoxale, à acquérir cette sensibilité à travers la volonté d'Annalee de sauver l'humanité, volonté qu'elle ne saisit pas :

Ripley : Pourquoi tu essayes tant de protéger les hommes ?

Annalee : Parce que je suis programmée pour ça.

Ripley : Tu es programmée pour être une conne ?

Un court dialogue amusant (et tellement vrai en mon sens) dans l'opus qu'on peut considérer comme l'apogée de la saga. Rares sont les suites de films dont les intrigues deviennent plus riches, dont les personnages gagnent en intérêt et en profondeur. Cet opus soulève des questions passionnantes propre à l'existentialisme, à la place de l'homme dans l'univers. Les personnages d'Ellen Ripley et Annalee Call trouvent chacun leur réponse à travers les existences  "anormales" l'une de l'autre.

Et après ?

En 2008, des rumeurs circulent, notamment sur le site de MTV, que l'actrice Sigourney Weaver et le réalisateur Ridley Scott sont prêts à produire un nouveau film centré sur le personnage de Ripley et, tenez-vous bien, sans Alien ! L'actrice explique : "Il y a définitivement des zones d'ombres dans la vie de Ripley [...] Nous [Ridley Scott et moi] nous sentons comme engagés/attachés à l'égard de cette femme". Et comment ne pas l'être après avoir participé et coproduit une quadrilogie qui aura marqué plusieurs générations ? Alors une question se pose : à quand un Alien 5 ? Imaginons simplement que Ripley 8 reparte dans le passé, tue Edward Cullen cryogénise la Ripley originale afin de la ramener sur la planète terre bientôt envahie de petits bébés Aliens.... Au final Alien 5 se transformerait en une sorte d' "Expendables" version filles avec les plus belles actrices kick-ass girl de la planète : Sigourney Weaver, Angelina Jolie, Lena Headey, Milla Jovovich, Lucy Lawless, Sarah Michelle Gellar, Gina Carano, et j'en passe...

Pour ouvrir une suite aux imaginations fertiles de nos lecteurs, voici une séquence alternative deleted-scene (séance effacée) de la fin d'Alien 4 :

http://www.youtube.com/watch?v=PnmMksVK8pY

Nous remercions d'avance les talentueux auteurs qui prépareront le prochain Alien 5 ou la courte biographie de Ripley 8 au côté d'Annalee Call.

Et pour finir, deux vidéos de bonne qualité pour découvrir la saga et le couple Ripley/Call

http://www.youtube.com/watch?v=aMUmjNZNFB0

http://www.youtube.com/watch?v=S1hu7i8wg3s

Pour la petite histoire :


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