Paroles ouvertes

Publié le 12 juin 2008 par Neoplaisir

Je vous ai fait grâce des résultats de l'enquête sur la sexualité des Américains parue dans The journal of sexual medicine, parce que tant en ont parlé, tant d'articles ont été écrit que je n'allais pas m'amuser à recopier ce que vous pouviez lire ailleurs. Bref, pour recontextualiser, ce que révèle entre autres cette enquête, c'est la progression de la sodomie dans les pratiques sexuelles.

Hier, Dj. pour ne citer que des initiales, m'envoie un courriel avec l'url d'un article sur le sujet. Je lis donc l'article en question, paru sur Slate. Tout va bien jusqu'à la fin du texte. Parce que là, j'ouvre de grands yeux sur l'interprétation donnée d'après les pourcentages fournis par l'étude.

Si tant de femmes disent avoir eu un orgasme, explique cet article, alors même qu'il y a eu pénétration anale, c'est parce que les pratiques sexuelles au cours de cette relation ne se sont pas limitées à la pénétration anale. (Je fais une parenthèse, mais ce qui est valable pour la pénétration anale est tout de même valable pour la pénétration vaginale : ne vous contentez que de ça, directement, et attendez-vous à avoir un orgasme... non, évidemment, ça ne marche pas comme ça.) Donc, l'auteur de conclure, et jusque là tout semble très bien (ou presque parce que le terme de « périphérie » m'interpelle quand même, comme si LA solution miracle était la pénétration vaginale et le reste juste autour, moins important) : «Et ce sont toutes ces activités périphériques qui ont permis à ces femmes de jouir; la sodomie c'était juste une pratique parmi d'autres. » La sodomie est bien sûr une pratique parmi d'autres, pas la panacée non plus, pas LA solution pour atteindre l'orgasme. Il faut un tout, et pas seulement une pénétration anale.

La suite est par contre étonnement étrange. Je cite : « Alors pourquoi le sexe anal a-t-il autant fait gonfler les stats? Aucun rapport, en fait. C'est dans l'autre sens qu'il faut chercher l'explication: les femmes qui ont obtenu ce qu'elles voulaient étaient davantage susceptibles de céder aux désirs de leur partenaire. Ce n'est pas la sodomie qui a mené à l'orgasme. C'est l'orgasme qui a mené à la sodomie. » On en revient au fait que la sodomie ne peut être que tolérée par les femmes, un peu contre leur regret, celles-ci ne cédant à la pratique qu'en remerciement en quelque sorte, après avoir eu un orgasme. Donc la sodomie, d'après l'article, n'est pas une pratique favorisant la jouissance mais une soumission de la femme aux désirs masculins. La sodomie est reléguée au-delà, bien loin de ce qui était nommé « activité périphérique », c'est quelque chose qui ne fait alors pas partie de la relation sexuelle mais qui intervient après coup. L'homme essaie de faire jouir la femme pour réussir ensuite à lui imposer un coït anal.

Je suis ébahie devant une telle compréhension des relations entre un homme et une femme.

La sodomie est une pratique sexuelle qui peut faire éprouver du plaisir, si tant est qu'elle est choisie et réalisée dans la douceur. Que l'on puisse jouir lors d'une sodomie est donc tout à fait envisageable, comme l'on peut jouir lors d'une pénétration vaginale, d'une masturbation, d'une pression sur le périnée, d'un cunnilingus, etc. Il n'y a pas une façon pour une femme d'avoir un orgasme, mais un ensemble de façons d'y parvenir, une façon prenant le dessus sur d'autres à certains moments, tandis qu'à d'autres moments ce sera une autre pratique. L'essentiel étant de ne pas essayer de n'emprunter qu'un seul chemin et toujours le même, mais de multiplier les sensations.

Ce sont les couples qui ont multiplié les contacts, les caresses, les pratiques et qui donc ont pu inclure la sodomie au rang de celles-ci qui se trouvent ainsi dans ces pourcentages. Les femmes qui disent avoir un orgasme lors d'une relation où il y a eu coït anal se placent tout simplement dans une vision diversifiée de la sexualité où la pénétration vaginale n'est pas la fin en soi et le reste considéré comme pratique annexe périphérique pour reprendre le qualificatif utilisé dans cet article.