Blue Pepper is back. Blue Pepper c’est le pseudo dont Nathalie du site Piment Rose m’avait affublé il y a quelques années. Rendons à Cléopâtre ce qui lui appartient.
Piment bleu … J’aime bien ce mot « bleu » comme on dit d’une personne, issue de la noblesse, qu’elle a du sang bleu dans les veines.
Cette couleur qui se métamorphose en un blue chez nos amis Anglo-Saxons et fait inévitablement monter la température.
Blue Pepper is back. Un peu plus poivre et sel que naguère mais aussi Blue que jadis.
Petit bémol toutefois : maintenant on me laisse la place dans le métro.
Funeste jour que celui où une lolita m’a proposé son siège (au sens propre bien sûr). J‘ai lu dans ses yeux, ce message subliminal, ni snapé, ni tweetté : j’étais un sexa.
Verdict d’assise en 13 sales caractères !
Mais jamais au grand jamais je ne laisserai mes soixante bougies me prendre à l’envers pour faire de mon être un a-sex.
Comment pourrais-je laisser ce « a » privatif me pénétrer sans crier gare, me parant des habits d’un ascète et renoncer ainsi aux Dames Galantes chères au cœur du seigneur de Bourdeilles, l’abbé Brantôme.
Finis les 5 à 7 de 6 à 9 et vice et versa ???? Que nenni …
J’ai le fantasme en éveil comme Mr de Saint-Simon avait la mémoire en trou de serrure, si l’on en croit Raymond Devos.
Pourtant, à la surprise générale, pour marquer l’arrivée de ce six un peu encombrant au premier abord, je décidais d’opter pour une formule « Paris au mois d’Août en mode culture » : les expos, les salles obscures, les musées, avec Orsay en premier pour bien comprendre les mystères de l’Origine du Monde, et une envie insatiable de lire.
Après la masturbation, la fellation, la sodomie (je sais, on ne se refait pas !!!) cet « Osons l’économie de Marché » aux Editions du Billet Doux, allait m’apporter une bouffée d’air frais.
C’était donc cela le problème : mon « mens sana » me harcelait en hurlant Spinoza, Resnais, Warhol et mon « corpore sano » répétait à tue-tête Apollinaire, Pierre Louÿs, Poinger….
Mais avant d’aller plus loin un petit rappel historique s’impose.
Dans les années 60-70, la France dut se battre avec un courant de pensée et un pouvoir qui tentait de contrôler les arts et les médias. Ainsi donc les ciseaux d’Anastasie se promenaient librement au cœur de la Gaule donnant de la coupure et de l’interdiction au gré de l’humeur des gouvernants. Ce mouvement qui se caractérisait sur nos étranges lucarnes par l’apparition d’un petit carré blanc qui par la suite devint rectangle, au moindre téton, s’attaqua même en décembre 1971 à l’émission à Armes Egales, pour « corriger » un film de Maurice Clavel.
C’est ce soir-là que retentit la phrase « Messieurs les censeurs bonsoir ! ». Le tout en noir et blanc bien entendu.
La jeunesse d’alors, très politisée, entra dans un tourbillon frénétique de consommation de journaux, de livres, de films souvent interdits au moins de 13 ans, où l’on côtoyait Buñuel, Altman, Fellini, Bergman, puis sur les conseils des enseignants, se plongea dans les univers oniriques ou tourmentés d’Arrabal, Jodorowski, Makavejev, Marco Ferreri, Pasolini ou Barbet Schroeder.
« Donnez-nous notre nu intégral mensuel » telle était ma supplique, entre esquimaux Gervais et Jean Mineur Publicité, satané gamin qui la mettait toujours dans la cible, et fit découvrir à la France que Balzac était aussi un indicatif téléphonique.
Quelques années plus tard L’Empire des Sens celui du réalisateur japonais Oshima posa les jalons d’une tendance qui fut suivie notamment par de nombreux cinéastes dont le québécois Gilles Carles (L’ange et la femme).
Loin des effets « papier glacé » des « Emmanuelle » (1 à 3) nous étions sous l’Emprise des Sens, devant l’audace de certaines scènes jouées « sans filet » … c’est-à-dire sans trucage, ni doublure, ni prothèse. Fermons la parenthèse « un œil dans le rétro »
Aujourd’hui sur Internet, les films sulfureux ont été recensés sous le titre Explicit (ou Unsimulated) sex scenes in Mainstream Movies.
Y figurent notamment les deux derniers Lars Von Trier (Nymphomaniac I & II) et « le » Gaspar Noé qui fut projeté au festival de Cannes : Love.
C’est sur ce dernier que je jetai mon dévolu.
Notez que l’apparition sur la croisette d’un long métrage « hot », reste le meilleur alibi culturel pour voir un film d’amour avec des scènes de sexe à moins que ce soit un film de sexe avec des scènes d’amour.
Je ne vous fais grâce de la critique d’autres l’ont déjà faite : les uns pour encenser, les autres pour détruire. Je voulais pour ma part voir ce que les réalisateurs proposaient en matière de scènes érotiques, un exercice très périlleux, car on peut sombrer à tout moment dans un X sans intérêt.
Exception faite des pornos chics d’Andrew Blake et de quelques productions conçues spécialement pour Canal+.
J’obtins donc ma dose de chair fraîche, du non simulé à deux, à trois, jusqu’à « je n’arrive pas à compter », jusqu’à saturation.
Qu’étais-je venu chercher ? Des sensations semblables à celles que j’avais connu en 1973 lors de la projection de l’Enfer pour Miss Jones de Damiano (sélectionné pour le festival du film fantastique d’Avoriaz) ou en 76 lors de la sortie de Vices Privées et vertus publiques quand Miklós Jancsó revisitait le drame de Mayerling ?
J’étais sans nul doute à la poursuite de parfums perdus, ceux de mes 20 ans, de mes quêtes libertines, de ce romantisme débauché que Musset peint si bien dans les Confessions d’un enfant du siècle.
Maintenant je sais : si mon compteur affiche 60, l’esprit et le corps clament haut et fort : #troisfois20.
Epilogue : Ce billet d’humeur a été en partie inspiré par la publication d’un hors-série du journal Le Monde consacré à François Mitterrand, où un texte de son livre « l’Abeille et L’architecte » est consacré au cinéma pornographique. Le président qui croyait aux forces de l’esprit, en connaissait un rayon sur celle du corps.