Le réalisateur de films gay Jean-Daniel Cadinot vient de mourir.
Quelques notes extraites de son blog nous dévoilent un homme doté d’un humour féroce, mais qui parfois, au détour d’une phrase, laisse passer une solitude, de la désillusion. Son anecdote sur son “interrogatoire” par la police sur certaines scènes de ses films est savoureuse : c’est vrai que deux, trois doigts çà va … mais quatre !
Ciao Cadinot ! T’en fais pas, y’a plein de bo mecs là-haut …
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Ma révérence mercredi 23 avril 2008
A tous mes amis, mes détracteurs et les autres.
Lorsque vous lirez ces mots, j’aurai posé la caméra, éteint les lumières, baissé le rideau et tiré mon ultime révérence. Puissent les efforts et le travail de toute une vie, concentrée sur la recherche de cet instant de vérité pure qu’est la communion sublime de deux êtres envoûtés par l’indicible désir de l’autre, inspirer mes héritiers de cœur.
L’être humain est ainsi fait qu’il ne se souvient que du bon et que du beau, je partirai donc l’esprit libre et la tête emplie d’une myriade de jeunes hommes tantôt solides et vigoureux, tantôt fragiles et sensibles. Tous m’auront offert ces moments inoubliables de leur plus tendre intimité, ces instants qu’il est donné à peu de connaître mais que je vous aurai contés en image pour vous permettre de les admirer sans compter.
Jamais la réussite ni la fortune personnelle ne furent mon credo. Vous m’offrez la reconnaissance, je vous en remercie car je n’aspire à rien d’autre. Cadinot vous salue, souvenez-vous d’un bonhomme observateur à l’extrême avec ses coups de gueule et ses contradictions mais à l’écoute des autres et tout plein d’amour.
“Un phallus dressé est un symbole de vie, une croix est un symbole de mort”Jean Daniel Cadinot, photographe et cinéaste, s’est éteint le 23 avril 2008 à l’âge de 64 ans à la suite d’un arrêt du cœur.Joyeux Noël samedi 22 décembre 2007
En cette veille de Noël, permettez-moi de vous faire une confidence.
La raison pour laquelle je réalise des films avec autant d’énergie et de passion et qu’il me semble que vous appréciez, c’est que ma vie amoureuse est en jachère. Ayant vogué de déceptions en désillusions, je me défoule en sublimant mes rêves les plus secrets et votre plaisir devient alors le mien.
Je vous souhaite donc à tous un superbe Noël en famille ou entre amis et j’adresse une pensée toute particulière à tous ceux qui seront seuls pendant ces fêtes.
Je vous embrasse tous avec amitié.
Conte porno vendredi 2 novembre 2007
Après la vision d’un reportage effrayant sur France 2 le Jeudi 1 Novembre, concernant la guerre bactériologique du Japon contre la Manchourie en 1942, je me suis rappelé une aventure vécue parmi d’autres, certes moins conséquente mais pour le moins affligeante. Il y a quelques années, sous la fin du règne de Mitterrand, j’ai été “invité” par la police pour me voir sermoné sur la nature de mes films. Une scène surréaliste sous les combles du quai des Orfèvres digne de Ubu Roi. - Vous savez que l’on surveille vos films ? Il est interdit d’utiliser des fruits, des légumes, de la nourriture à des fins sexuelles ainsi que la main. Et oui nous comptons les doigts. ”
- Vous n’avez rien d’autre à faire que d’émettre des diktats ?
- Deux, trois doigts, ça va mais quatre, c’est un fist fucking!
- Nous sommes un pays démocratique, montrez-moi le texte de loi qui le stipule et je m’y soumettrai !
- C’est nous qui décidons. (J’avais osé braver un oukaze!)
- Supposons que je filme un manchot ! Combien de doigts comptez-vous ? Il n’y en a aucun donc ce n’est pas un fist fucking!
Atterré par ma réponse logique et ma résistance tenace, ce brave chef pandore m’a donc laissé partir sans tambours ni trompettes.
Eh oui, l’émancipation à été longue et pleine de surprises désagréables mais le combat continue… La suite aux prochains épisodes!