Si seulement Mary-Lou avait réagi autrement, elle aurait peut-être sauvé sa fille…
Le 28 février 1997, son aînée, Anna, 29 ans, s’est suicidée à son domicile sans laisser le moindre mot.
” Je me demande encore aujourd’hui ce qu’il se serait passé si, en recevant sa lettre, dix ans plus tôt, j’avais pris ma brosse à dents, ma carte de crédit et ma voiture pour faire les 900 km qui nous séparaient. J’aurais dû lui dire que je l’aimais, qu’importe sa vie amoureuse. Je regrette de ne pas en avoir été capable. ” Si seulement Mary-Lou pouvait refaire l’histoire… Quand Anna lui avoue son homosexualité, en 1988, Mary-Lou, fervente catholique, est effondrée. Cette maman a élevé ses enfants selon les préceptes de son église de Little Rock dans l’Arkansas. ” Dans cette lettre, ma fille m’annonçait qu’après de longs questionnements, elle était persuadée être lesbienne. Elle me disait qu’elle m’aimait et elle espérait que je ne voudrais pas la changer. Elle aimait aussi le Seigneur et elle était convaincue qu’il lui rendait son amour. ” L’homosexualité est pour Mary-Lou un péché, Anna est une impie. Douze jours plus tard, elle envoie à son tour à sa fille une lettre sans équivoque. ” J’ai très mal réagi. Je lui ai envoyé une lettre très dure. Je lui ai dit “Anna, je n’accepterai jamais ça chez toi. C’est un terrible gaspillage… Je t’aime mais je détesterai toujours ça. Je prie chaque jour pour que tu changes d’attitude”.
” Pendant plusieurs années, les relations entre Mary-Lou et sa fille sont conflictuelles. Mary-Lou ne supporte pas de voir Anna en compagnie de jeunes femmes. ” J’ai opté pour une approche chrétienne où je fustigeais le péché d’homosexualité tout en aimant la pécheresse qu’était ma fille. “”Anna m’a écrit qu’ellene pouvait pas me pardonner”Tout se détériore en 1996. Anna, devenue assistante sociale, sombre dans la dépression. Elle envoie en août une lettre à sa mère. Ce sera la dernière. ” Anna m’a annoncé qu’elle ne voulait plus avoir de contact avec moi. Selon elle, mes mots injurieux lui avaient causé des dommages colossaux. Elle ne voulait, ni ne pouvait me pardonner. ” Six mois plus tard, Anna se pend.
Assaillie par la culpabilité, sa mère entame alors une longue remise en question. ” La mort d’Anna m’a mise face à mon ignorance. ” Petit à petit Mary-Lou s’interroge sur l’homosexualité. Elle dévore les ouvrages sur la question et relit la Bible. ” II m’a fallu deux ans pour comprendre que mes croyances sur l’homosexualité étaient fausses. Devant le portrait d’Anna, je me suis fait la promesse de ne jamais plus considérer un homosexuel de la manière dont j’avais osé traiter ma fille. ” Mais sa foi reste intacte. ” Le Seigneur m’a donné la mission de les comprendre et deles aider.
” Depuis, elle a fondé avec son second mari l’association Teach ministries dont l’objectif est de sensibiliser sur les conséquences de l’homophobie. ” Nous soutenons à travers tout le pays les jeunes rejetés par leurs parents. Si notre action peut sauver une vie, éviter un drame, c’est mieux que rien. ” Mary-Lou parcourt les Etats-Unis pour raconter son histoire. L’accueil est parfois glacial mais elle ne se démonte pas. Elle gagne même une réputation d’oratrice passionnée. ” J’espère qu’Anna est fière de moi. ” En sa mémoire, Mary-Lou ne lâchera pas son bâton de pèlerin de la tolérance.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Chez les jeunes homosexuels, le risque de suicide est treize fois plus important que chez les hétérosexuels. Selon le psychologue Eric Verdier*, ” La découverte de son orientation homosexuelle chez un jeune est d’abord une souffrance puis s’affirme le besoin de reconnaissance familiale pour effacer la honte ressentie. Le fait de se sentir peu valorisé par ses parents double la probabilité de penser au suicide. “
* Homosexualités et suicide, par Eric Verdier et Jean-Marie Firdion, éditions H&O.
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