Les trésor du savoir-faire érotique, la connaissance et la sagesse sexuelle transmise par la tradition chinoise. L'acte sexuel
Un détail émerge de l'ensemble des textes chinois en ce qui concerne l’acte sexuel lui-même. Ces textes conseillent une pénétration très lente. On doit prendre le temps de traverser les grandes lèvres, puis les petites lèvres, sans atteindre immédiatement l’infundibulum. L’homme pénètre très doucement dans le mystère intime de la femme. Cette phase dure aussi longtemps qu’il plait aux partenaires.
Puis, lorsque la pénétration est plus profonde, les maîtres taoïstes conseillent de revenir vers la surface pour d’autres allées et venues superficielles. Il existe même une méthode qui consiste à alterner 9 coups brefs à la surface et 1 coup long en profondeur. Bien sûr, il n’est pas question de focaliser l’attention sur le nombre, mais plutôt de trouver un rythme, comme le ressac de la mer. C’est sans doute là l’un des plus grand secret du Tao de l’amour, car lorsque la fièvre saisit les amants, le rythme rapide ne peut que les amener à l’orgasme. Pour rallonger le temps du plaisir, il faut éviter d’atteindre trop rapidement cette phase.
Dans d’autres textes, les maîtres conseillent d’interrompre les allées et venues profondes dès que l’on sent que le rythme s’accélère, et de revenir en douceur vers des mouvements plus superficiels. Ils conseillent à, l’homme de rester le plus longtemps possible au niveau de l’infundibulum. C’est l’endroit où la femme peut enserrer le pénis de l’homme avec ses muscles vaginaux, et où le gland se trouve comme aspiré. C’est là que les amants peuvent, tous les deux, recevoir les sensations les plus électriques, le contact le plus magnétique et prendre le temps de les savourer. L’homme, bandant ses muscles périnéaux, contracte l’urètre et dilate le gland. Ce jeu du gland et du vagin est une voie d’échange énergétique, dans une intimité aussi subtile que celle du baiser, lorsque les lèvres s’effleurent et demeurent immobiles.
Retarder le plaisir
Pour maîtriser le désir impétueux d’entrer dans le rythme irréversible qui mène à l’orgasme, l’homme peut utiliser la respiration. Il peut aussi apprendre à dissocier le rythme des coups portés par son bassin de celui de sa respiration : pendant que son corps bouge rapidement, il inspire et expire par le nez, lentement et subtilement, sans bruit. Il peut aussi mettre à profit les exercices qu’il a pratiqué pour muscler son périnée et le contracter lorsqu’il sent l’excitation atteindre son paroxysme. C’est aussi le moment d’utiliser la respiration taoïste.
Dans ces moments de pause, l’érection peut parfois faiblir. Ce n’est pas grave ! Ce qui a été sera. On peut interrompre le coït et continuer à jouer, se caresser, s’embrasser… L’érection revient d’elle-même. Et si ce n’est pas le cas, le ou la partenaire peut participer activement au processus. L’essentiel est de ne pas focaliser son attention et son attente sur la durée de l’érection. Les hommes craignent souvent que le simple fait de ralentir, voir de s’arrêter ou de se retirer, ne fasse tomber l’excitation de leur partenaire féminine. Or, c’est souvent l’inverse qui se produit ! Ils se croient tenus, par devoir de puissance ; de poursuivre crescendo leur galop jusqu’à l’orgasme. Mais stratégie stéréotypée leur masque le rythme qu’ils courent de ne pas « tenir la distance » et de jouir avant que leur partenaire n’ait eu le temps de les rejoindre.
Lorsque l’orgasme semble imminent, l’homme et la femme peuvent, au contraire, essayer de le différer en utilisant les mêmes méthodes : ralentissement du rythme, contraction du périnée, respiration taoïste… Ils peuvent s’accorder des phases d’immobilité pendant lesquelles la suspension des mouvements laisse la place à d’autres sensations. Ainsi, peu à peu, le plaisir quitte la sphère des organes génitaux pour envahir le corps tout entier. La femme comme l’homme découvrent qu’ils ne sont pas les esclaves du seul orgasme.
Lorsqu’on apprend à faire l’amour de cette façon, il vient un moment où l’intérêt pour l’orgasme en tant que tel faiblit. L’éjaculation perd de son attrait. Sans que les partenaires en éprouvent la moindre frustration, l’explosion orgasmique n’est plus prioritaire. Ce plaisir intense de partage sensoriel et érotique donne un tel sentiment de fusion, une telle sensation océanique que la décision d’aller jusqu’à l’orgasme n’est plus qu’une convention entre les partenaires. Dans cette relation de confiance mutuelle, de partage et d’authenticité l’acte d’amour est une chemin d’épanouissement personnel que l’on parcourt ensemble
Délicatesse Sex
Marie Borrel, Yves Réquena
Guy Tredaniel Editeur