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Notre France glisse-t-elle lentement ou pas mais sûrement vers un État policier ?

Par Jean-Baptiste Messier

Notre France glisse-t-elle lentement ou pas mais sûrement vers un État policier digne d'une dystopie de SF à l'heure des drones et la mise en place automatisée du contrôle des réseaux sociaux ?

J'ai écrit et publié en 2013 une nouvelle " Bouche cousue ", qui met en scène une République où même baiser est transgressif et condamné. En cette période de confinement et déconfinement, cette nouvelle fait tristement écho, et j'ai décidé de la passer en lecture libre, téléchargeable et gratuite. Voici sa présentation courte et percutante (mais moins que son contenu) :

Notre France glisse-t-elle lentement ou pas mais sûrement vers un État policier ?

" Dans le futur, baiser est subversif.
Les contrevenants sont pourchassés. "

Extraits :

** "Au fur et à mesure de la lecture, j'observe son regard se concentrer, l'expression de son visage se tendre, son souffle se faire irrégulier. J'ai réussi à la troubler. Elle apprécie. La chance va me sourire, j'en suis sûr ! Je me lève à nouveau, me dirige vers elle. Un regard intense derrière ses lunettes, prêt à l'improvisation. Je la prends par la main et l'entraîne dans la remise où je stocke de vieux livres. Elle me suit sans résister. Elle aussi doit savoir que nous mettons nos vies en jeu, la moindre hésitation pourrait être fatale.
Au plafond brille une ampoule nue, antique au tungstène, qui projette une lumière blafarde sur les étagères combles. L'endroit respire les pages humides et les vieilles couvertures abîmées. J'aime cette odeur pourtant légèrement désagréable en soi.
Je me tourne vers elle. Instant d'immobilité, elle dans l'attente, la lumière dessine son visage blanc et révèle ses yeux marrons, curieux et avides. Je prends possession de sa bouche, je les goûte, la graisse de son rouge-à-lèvres, la pulpe molle et humide de ses lèvres, j'appuie ma bouche sur la sienne, nos lèvres s'échangent des messages subtils et fougueux, intenses et délicieusement sensuels. Le baiser s'approfondit, nos langues communiquent, communient. Baiser mouillé, baiser intense, baiser dévorant. Nos langues grouillent et se mouillent, se cherchent et jouent. Mes mains fouillent son décolleté. Ses seins débordent littéralement de son soutien-gorge noir. "

" Elle est chaude, bouillante, rentrer dans un lac chaud. Je presse, caresse sa croupe diaboliquement sensuelle.

" 1er précepte : La république est au-dessus du citoyen. "

Sa voix résonne faiblement dans la pièce. Une voix jeune qui se veut neutre, mais diablement féminine. Maligne, elle a trouvé ce subterfuge pour me faire entendre sa voix. Les multiples robots et leurs micros qui guettent des échanges illicites, des bribes de phrases suspectes, des complicités illégitimes, en seront pour leurs frais. J'adore sa voix. Je la pénètre plus profondément, elle s'arrête dans sa lecture, courbe l'échine comme une chatte et recule ses fesses vers mon pieu. Dans le reflet déformé d'une paroi métallique d'une armoire murale qui me fait face, je capte toute notre scène : les bouclettes de ma rouquine, mes yeux bleus ahuris, sa croupe qui frémit en des vagues sensuelles.

Mes doigts parcourent ses hanches, je m'agite frénétiquement en elle, j'ai envie de la défoncer tellement je la désire.

" Deuxième précepte : Pour une république idyllique, il faut des citoyens modèles. "

C'est bon de la baiser en même temps qu'elle lit ce livre sacré. J'agrippe fermement ses hanches et entame un va-et-vient irrégulier parfois très lent, la cyprine dégouline sur ma pine, rendant la pénétration plus aisée, encore plus chaude. "

Vous pouvez retrouver cette nouvelle et sa version audio dans mon recueil " La lectrice " :
http://www.atramenta.net/books/la-lectrice/142

** Plus précisément quels sont les évènements qui me choquent à tel point que je me sens obligé de publier cet article ?

Aujourd'hui à Metz, place de la république qui pour le coup ne méritait plus son nom, j'ai expérimenté les drones policiers qui planent au-dessus de nous, tels des immenses bourdons menaçants et qui rappellent à l'ordre les passants indisciplines de leur belle voix métallique. Plus tard, j'apprends que " grâce à " ces moyens technologiques que notre État met en œuvre, ils ont verbalisé un groupe de jeunes qui s'étaient rassemblés pour boire de la bière dans un parc. Je trouve ça intolérable que sous couvert d'une urgence sanitaire, on organise la mise en place d'un État autoritaire et de plus en plus policier. A quand le totalitarisme de la pensée.

on pourra retrouver le récit de ce fait dans cet article du républicain Lorrain :

Notre France glisse-t-elle lentement ou pas mais sûrement vers un État policier ?

Ça fait vraiment État policier totalitaire.

C'est une pente très dangereuse je trouve.

De manière quasi concomitante, les députés votent une loi qui permet le contrôle des réseaux sociaux au motif que :

" Ce texte prévoit, à partir de juillet, une obligation pour les plates-formes et les moteurs de recherche de retirer sous vingt-quatre heures les contenus " manifestement " illicites qui leur ont été signalés, sous peine d'être condamnés à des amendes pouvant aller jusqu'à 1,25 million d'euros. Sont visées, notamment, les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou religieux. "
Bien sûr tout ça ne peut être qu'automatisé et c'est bien ça qui fait peur. Car comment distinguer la provocation, l'humour, la dérision, l'esprit critique de la vraie incitation à la haine ? C'est bien évidemment impossible. Ce sera une nouvelle atteinte à notre liberté d'expression.

Notre France glisse-t-elle lentement ou pas mais sûrement vers un État policier ?

Déjà que cette liberté d'expression est sérieusement écornée sous la pression de différents, et multiples lobbies bien organisés. (j'y reviendrai dans un autre article).

Après les drones... Comme ça fait peur tous ces instruments de contrôles plus ou moins robotisés, automatisés...

L'État s'immisce de plus en plus dans la sphère de vie privée, dans le contrôle des mœurs (cherchez et vous trouverez de nombreux exemples sans peine). Nous glissons vers une police de la pensée. Et transgresser en ce sens devient de plus en plus facile et risqué.

Comme le disait un de mes contacts, où est passé l'esprit Charlie ?
Dans mon c.. ?

En parlant de ça, combien de temps avant qu'on interdise youporn ?


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