Fleur secrète

Publié le 04 août 2008 par Luc24

L’an dernier, nous découvrions, non sans plaisir, une resortie atypique avec Quand l’embryon part braconner de Koji Wakamatsu. Afin d’accompagner les cinéphiles dans un été assez chaud, voilà qu’arrive sur nos écrans Fleur secrète, film de Masaru Konuma avec Naomi Tani, icône du cinéma érotique japonais, surnommée la « Marilyn Monroe du bondage ». Evitez d’emmener avec vous à la séance votre grand-mère catho…

 

La critique  


 

Le sado masochisme au cinéma, une libération ?

Makoto (Yasuhiko Ishizu) a été traumatisé dès le plus jeune âge : il a surpris sa mère (prostituée) avec l’un de ses amants. Marqué par la posture soumise de sa génitrice, il ne peut s’empêcher de se remémorer le déplorable incident qui a suivi : le meurtre de l’amant. Makoto aurait donc tué cet homme un peu trop actif sexuellement.

Depuis, le jeune homme est impotent. Il n’a plus d’érection mais parvient tout de même à jouir et a d’ailleurs constitué un mini sanctuaire pour ses mouchoirs usagés, recouverts de sa semence…Approchant de la trentaine, Makoto n’est toujours pas un homme, il n’a jamais pu avoir de rapports avec une femme. Ses plaisirs sont essentiellement solitaires et il se stimule avec des photos de bondage provenant de sa mère. Incapable sexuellement, Makoto est dans son travail un employé modèle. Mais voilà que son patron, Senzo (Nagatoshi Sakamoto), découvre une de ses photos de bondage qu’il cachait dans son bureau. Senzo saute sur l’occasion pour demander à Makoto, qu’il croit très expérimenté dans le sado masochisme, de « dresser » sa femme Shizuko (Naomi Tani). Cette dernière se refuse en effet à son mari et ses pulsions SM. Makoto accepte ce challenge et fait de Shizuko son esclave sexuel. Mais lorsqu’il parvient à lui faire l’amour, il ne se voit plus la quitter…

Fleur secrète n’est clairement pas le genre de films que l’on peut recommander à tout le monde. Car cette œuvre flirte avec le cinéma érotique (le film est d’ailleurs considéré comme un long érotique), car il y est question de sado masochisme et que pour la peine les scènes d’intimité sont assez violentes. Mais pour ceux qui ont de la curiosité, le spectacle vaut sacrément le détour. Masaru Konuma ponctue son film de passages très second degré, n’hésite pas à faire dans le kitsch assez jouissif. Cela permet de décomplexer son spectateur face à la crudité des dialogues et des scènes. Et alors justement, les scènes de bondage elles sont comment ? Fascinantes, touchées par la grâce, riches en tension érotique. Naomi Tani incarne à merveille son personnage, parvient à rester majestueuse dans les pires soumissions (lavement rectal, viols) et provoque l’admiration de l’audience avec son corps tout simplement sublime.

Pour Konuma, les désirs masochistes semblent venir de traumatismes ou frustrations. Le personnage de Makoto est victime d’une mère intrusive, qui ne le laisse pas vivre sa sexualité en toute intimité. Une mère trop sexuée qui cultive un rapport incestueux profondément malsain. Makoto a quelque part découvert le sexe par le bondage, son expérimentation de ces pratiques ne surprend donc guère. Pour ce qui est de son patron, lui aussi branché par le SM, ce goût pour les pratiques extrêmes lui vient d’une multitude de frustrations. Sa femme s’est presque toujours refusée à lieu et le sexe « à la papa » ne pourrait plus lui convenir. Du coup il soumet sexuellement la bonne de la maison…

On pourrait donc penser que ce film montre le sado masochisme comme une pathologie. Mais non. Le réalisateur nous montre que ces pratiques perçues comme sales et déviantes peuvent se révéler totalement fascinantes, excitantes. Shizuko, femme du patron de Makoto qui se retrouve soumise contre son gré, va connaître l’enfer…avant de prendre son pied dans cette posture si particulière et quelque part être amenée à assumer librement son corps de femme et répondre à ses besoins sexuels les plus enfouis. La fin du film, avec la servante qui ne demande qu’à « participer » à ces relations sexuelles atypiques, confirme bien que les désirs se répandent comme une trainée de poudre et que lorsque l’on se libère des conventions fixées par la société, la sexualité n’a parfois plus de limites…et le plaisir non plus. Bref, une œuvre jouissive et libératrice.


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